Horaires
Du Mardi au Samedi 15h-18h30
Samedi 10h-13h
Nocturne le jeudi jusqu'à 20h30
Renseignements et réservation des groupes : 06 25 58 39 49
ATELIERS DU 5 - 5 rue des Gobelins, Argenteuil – 95100 - @AT5argenteuil
"Dans la
grâce de mes jambes,
je te cache mon regard.
Si mon cœur se dévoile,
Attrape-le, n'hésite pas."
Laura Lago
"Un oiseau
dans le ciel s'envole,
La terre manque son élan.
Dans la nuit, tristesse et étoiles,
Son cœur brille sous le phare."
Laura Lago
Traductions des poèmes par François Cheng de l’académie française
CLAIR-OBSCUR
(tout sens dessus-dessous, à la recherche d'un sixième...)
Stéthoscopant le poumon des étoiles,
Palpant le pouls errant de la terre,
Mordant la chair du ciel pour y sentir le goût de la lumière,
Humant le souffle des vagues,
Cherchant de par les convulsions de nos regards
A crever l'oeil par trop béant de la nuit,
Stopperai-le les girouettantes folies des oiseaux étourdis
Qui picorent, impolis, l'empreinte de mes pas indécis?
Sèmerai-je des bornes aux lèvres borgnes de mes déroutes?
Comblerai-je le puits âpre et profond de mes doutes ?
Toucherai-je l'invisible ?
Aurai-je vent de l'indicible ?
Apercevrai-je l'indéfectible ?
...Il semblerait pourtant que je n'ai pas encore de Toi reçu ce supplément de sens...
....(...Existes Tu seulement?.. Existes Tu ?...)...
...La porte est trop étroite, comme il est dit parfois,
Mes trop herbeuses paroles n'y pénètreront pas;
le Verbe haut, trop haut pour moi, sans aucun doute, n'atteint pas l'Ici bas
Et charge d'un lourd silence nos ombrageux débats...
Et pourtant il est beau, de toute évidence
Ce mot que d'aucuns ont donné à ce surplus d'essence,
(On l'emploie ce mot d'ailleurs souvent pour la danse...),
Il est paraît-il comme une lampe dense
Qui torcherait l'âme de tout ce clair-obscur intense
Où règne l'aveugle et sourde inconstance
De nos inconsciences...
...Verrai-je un jour vriller, vibrionner en moi
Cette magie, ce clair voyant,
Cette corde attachée aux manches des étoiles,
Cet ineffable mot,
(Le tout dernier mot celui-là , sans nul doute, de tous nos maux...)
Viendra t-elle ou ne viendra t-elle pas,
(Et moi, tout émoi, jalousant tant et tant ceux qui l'ont touché déjà...)
Viendra t-elle un jour-ou pas- au devant de mes pas?
Celle si bien nommée, si belle, si pleine, insensée, encensée:
"La grâce"
Il ne s'agit pas de point sur un i mais
plutôt d'un charmant accent chapotant un mot
Il ne manquerait plus que ce circonflexe
se sauve pour en chevaucher d'autres...
Il le protège de tout débordement.
Ne vous en déplaise, il sait demeurer à la place
qui est sienne, avec grâce.
Claire Barea
Espaces poétiques, Bois Colombes
COMPLEMENTAIRES
La grâce et la pesanteur
La douleur et la légèreté
L’orgueil des larves (que nous sommes), sous l’humide humilité des étoiles.
La force et l’abandon
L’arbre et la plume, de l’ange, dans le ciel
L’ubiquité de la poussière et les vertèbres de la lumière
La croix sur le toi, la faim du moi
La poudre aux yeux et le périscope du cœur.
Le pur joyau de l’ignorance, les fruits obscurs et tristes de la connaissance
L’évaporation des larmes, la ronde gravité du rire
Le cercle du temps, sur le triangle de l’instant
Le tout à l’ego, la carence faite au monde
Le presque rien.
Eric LEMIERE
Espaces poétiques, Bois Colombes
À ma mère
Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère je pense à toi...
Ô Dâman, Ô, toi qui me portas sur le dos, toi qui m'allaitas,
Toi qui gouvernas mes premiers pas,
Toi qui la première m'ouvris les yeux
aux prodiges de la terre, je pense à toi...
Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve,
je pense à toi...
Ô Dâman, Ô ma mère, toi qui
Essuyais mes larmes, toi qui me
Réjouissais le cœur, toi qui, patiemment
Supportais mes caprices,
Comme j'aimerais encore être près de
Toi, être enfant près de toi !
Femme simple, femme de la résignation,
Ô toi, ma mère, je pense à toi...
Ô Dâman, Dâman de la grande
famille des forgerons ma pensée
toujours se tourne vers toi, la tienne
à chaque pas m'accompagne, Ô
Dâman, ma mère, comme j'aimerais
Encore être dans ta chaleur, être
Enfant près de toi...
Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère, merci ; merci pour tout
ce que tu fis pour moi, ton fils, si
loin, si près de toi !
Camara Laye
C’est le soir, le couchant allumant ses fournaises
Semble un fondeur penché qui ravive ses braises ;
Comme un bouclier d’or à la forge rougi,
Par un brouillard sanglant le soleil élargi
Plonge dans un amas de nuages étranges
Qui font traîner sur l’eau la pourpre de leurs franges.
Extrait de « Jettatura » par Théophile Gautier
On rencontre parfois en Limousin des arbres singuliers.
Je pense à ces arbres droits, plantés, au feuillage abondant
et de franches couleurs, cette sorte de vert sombre
chauffé de l’intérieur par un rouge qui lui est consubstantiel.
J’en connais.
On s’arrête pour les saluer, ils sont au milieu d’un pré,
en silhouette sur une crête, dans la ville aux abords d’une église.
Ils sont solitaires et vivent pour leur propre majesté, assurés de leur beauté.
Le plus souvent, ce sont des chênes, des chataigniers, ou même des hêtres.
Ils ont peut-être été plantés à la Révolution, à l’époque où l’on croyait que
l’écoulement du temps allait devenir fécond pour les hommes.
L’arbre planté disait l’alliance des humains et du cosmos,
il était l’intercesseur entre les hommes et les éléments
puisque Dieu venait de mourir.
Ce Dieu n’existant plus, l’arbre avait reçu en charge la sagesse, la puissance
et la mission d’incarner le vivant.
Le grand « projet » pour les hommes, reprenant l’eternité à son compte.
Henri Cueco